
S’affranchir – Le poids des mots
Une carte blanche pour une Nuit blanche. Le 7 juin, ce sont les installations de l’artiste Véronique Béland qui s’exposeront dans les collections permanentes du musée, trois expériences poétiques et interactives autour des mots et des images qui offriront aux visiteurs une nouvelle lecture de la transmission des messages.
- 07 juin 2025 - 27 avril 2026
Le Musée de La Poste confie chaque année une carte blanche à un artiste contemporain avec pour seule consigne de s’inspirer de l’univers postal. Les œuvres réalisées s’installent ensuite dans les collections permanentes sous la forme d’îlots répartis dans les trois étages du musée.
Cette année, c’est l’artiste franco-canadienne Véronique Béland qui porte un regard nouveau sur les collections du musée.
Fascinée par l’univers des télécommunications, Véronique Béland s’est inspirée des collections permanentes et des réserves du Musée de La Poste. Depuis toujours, La Poste incarne le rôle de messager, transportant lettres et émotions d’une personne à une autre. Avec cette carte blanche, Véronique Béland réinterprète cette mission à travers trois œuvres qui interrogent la matérialité des messages et la manière dont nous les recevons et les percevons. Grâce à ces installations immersives, le Musée de La Poste devient un espace-temps inédit, où l’art dialogue avec l’histoire des communications.
Une expérience interactive composée de trois installations
Recombinaison, un message en provenance de l’univers
Le parcours commence au 4e étage du musée avec l’installation Recombinaison, une œuvre emblématique de l’artiste, qui sera réactivée pour cette carte blanche. Cette machine interactive invite les visiteurs à poser la main sur un capteur tactile connecté à une météorite, générant ainsi un message unique inspiré des fluctuations cosmiques. Le texte aléatoire, issu d’ondes radio en provenance du cosmos et invisibles à l’échelle humaine, est imprimé sous forme de ticket. L’œuvre, véritable télégraphe intersidéral, repousse les limites des télécommunications, invitant à imaginer un dialogue avec l’univers. Elle fait écho aux moyens de communication présentés dans l’espace d’exposition, élargissant la notion de correspondance aux dimensions cosmiques. À travers cette création, l’artiste prolonge l’idée même du message au-delà de ses frontières terrestres. Le musée devient ainsi une antenne sensible, à l’écoute du monde et des ailleurs.
L’inventaire du visible, écouter l’image, voir le son
Au deuxième étage, L’inventaire du visible propose une expérience où photographie et voix se mêlent pour faire résonner autrement les archives du musée. Munie d’un sténopé et d’un enregistreur vocal, Véronique Béland décrit à voix haute la scène photographiée, l’obturateur de l’appareil restant ouvert pendant toute la durée de sa description. L’installation restitue cette expérience : une image surexposée, presque fantomatique, accompagnée d’un enregistrement audio où l’artiste décrit ce qu’elle voit – ou imagine. Le visiteur est ainsi invité à écouter la trame sonore pour recomposer mentalement ce que les traces photographiques donnent à voir, transformant la visite en une expérience introspective et sensible.
Le poids des mots, affranchir sa correspondance d’une empreinte unique
Également au deuxième étage, S’affranchir (le poids des mots) est une installation inédite, créée spécialement pour cette carte blanche. Une œuvre qui redonne une matérialité symbolique aux messages… Inspirée par les systèmes de pesée et les timbres-poste présents dans les collections du musée, l’artiste interroge la matérialité des messages et la valeur symbolique des mots.
Les visiteurs sont invités à écrire un message sur une carte postale fournie, puis à la placer dans un dispositif qui pèse la quantité d’encre utilisée. En fonction de ce poids, un bras robotisé trace un dessin génératif unique. Le choix graphique du dessin abstrait composé de motifs hexagonaux fait écho aux poids étalons utilisés dans les systèmes de mesure depuis l’instauration du système métrique. Il réfère également au maillage polygonal utilisé en topographie pour représenter les variations de terrain telles que les pentes, les crêtes et les vallées, comme un clin d'œil aux territoires traversés par le courrier. On peut aussi y voir les motifs géométriques en croisillons qui ornent la façade emblématique du Musée de La Poste.
Chaque visiteur repart avec sa carte postale, un souvenir personnalisé qu’il peut choisir de conserver ou d’envoyer, soulignant ainsi la beauté du geste épistolaire.
À travers cette carte blanche, Véronique Béland propose donc une relecture sensible et technologique des collections du musée, consacrées à l’histoire d’une activité : celle de la transmission des messages. Chaque œuvre devient une porte d’entrée sur les formes que peuvent prendre les communications.

Véronique Béland, une artiste à la croisée des arts et des technologies
Originaire du Québec, Véronique Béland vit en France depuis 2010. Diplômée de l’Université du Québec à Montréal et du Studio national des arts contemporains Le Fresnoy, Véronique Béland développe une pratique artistique singulière à la croisée des arts médiatiques, de la littérature et des technologies. Lauréate de plusieurs prix internationaux, elle expose régulièrement ses créations en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. Son travail met en lumière des phénomènes invisibles à l’échelle humaine – qu’ils soient physiques, cosmiques ou linguistiques – et questionne leur impact sur notre perception du monde.